L'un des aspects les plus populaires de l'Egypte ancienne sont ces petites statuettes funéraires dont chaque musée posséde au moins une paire, les plus importants en ayant de armées. Or, depuis l'étude que leur avait consacrée L. Speleers (Les figurines funéraires égyptiennes, Bruxelles 1923) elles n'avaient plus fait l'objet d'une étude d'ensemble les rendant accessibles а un large public.
Paraissant aprés les catalogues décrivant les «ouchebtis» des musées du Caire (Newberry) et de l'University College de Londres (Pétrie), le livre ici présenté comble cette lacune et permettra de prendre mieux connaissance des catalogues du British Museum de Londres et du Rijksmuseum van Oudheden de Leiden, en cours de réalisation.
A l'origine substituts impérissables d'une momie qui pouvait disparaître, les «chaouabtis» (sens inconnu ; la traduction «corvéables» des auteurs n'est pas fondée) évoluent et deviennent, par l'adjonction de textes enveloppant la moitié inférieure de la figure momiforme, des instruments destinés à garantir la résurrection dans l'au-delà du défunt et à lui assurer une vie sans souci en effectuant à sa place les corvées qu'il serait appelé à y effectuer («ouchebti»- répondant). Si ces figurines intéressent de ce chef l'historien de la religion ou des mentalités, elles ont également attiré l'attention des historiens tout court, parce qu'y est presque toujours nommé le défunt, dont l'identification est facilitée par l'adjonction du nom d'un des parents ou de tous les deux, et éventuellement d'un titre qu'il porta de son vivant.
Leur nombre extrêmement élevé imposait toutefois de faire un choix, et celui des auteurs, qui ont pris pour point de départ une sélection d'ouchebtis rencontrés dans le commerce des antiquités, enrichie ensuite de figurines conservées dans les divers musées du monde, en vaut un autre. Pour chaque tranche chronologique, les auteurs examinent successivement les ouchebtis royaux, puis ceux de leurs contemporains, enfin ceux qui, avec quelque certitude, peuvent être attribués au règne envisagé. De la sorte se sont dégagées un certain nombre d'indications typologiques (textes reproduits, disposition de ceux-ci sur les statuettes, couleur des faïences, présence ou absence d'instruments agricoles dans les mains des figurines, etc. ...) qui ne manqueront pas de faciliter le travail d'autrui, encore que les auteurs eussent rendu service aux utilisateurs du livre en regroupant ces éléments en fin de volume. Les nombreuses planches (dont les légendes détaillées se, trouvent aux pp. 289-298) illustrent une centaine de figurines provenant pour la plupart, semble-t-il, de la collection des auteurs.
Un tableau chronologique, une bibliographie substantielle et un index facilitent la consultation de l'ouvrage. Le volume étant destiné à un public plus large que celui de seuls égyptologues, on comprend parfaitement l'absence des textes hiéroglyphiques, d'autant plus que les traductions sont soignées.