Métaux, minéraux, produits chimiques, matières ductiles ou meubles (sable, terre, argile) ont fait l'objet d'une approche particulière à l'Égypte, teintée de mythes étiologiques destinés à les intégrer comme représentant des acteurs de l'univers. Les plus précieux d'entre eux rappellent, dans les offrandes aux dieux, des événements qui en justitlaient l'emploi, étant destinés à susciter telle ou telle facette de la divinité, par la puissance de l'analogie en vertu des «sympathies» établies entre le règne minéral, le règne végétal, les astres et les décans. Qui a en sa possession des minéraux et des métaux détient, dans le même temps,
un pouvoir sur les dieux, du moins un fort pouvoir de suggestion divine dont on tire parti dans l'astrologie, née dans l'Égypte des époques tardives. Car d'essence divine, ils forment une parcelle des dieux euxmêmes, du moins sur le plan de la métaphore poussée au point de représenter les dieux en matière., précieuses. L'or, l'argent, les minéraux tels que le lapis-lazuli, la turquoise, le jaspe vert, le jaspe rouge et la cornaline sont degages d'immortalité, car ils garantissent la similitude entre la divinité et l'homme qui s'en trouve revêtu, d'où un emploi très circonstancié faisant l'objet de tabous précis qui n'ont pas toujours été respectés mais qui reviennent comme un leitmotiv dans la littérature religieuse et impose profondément sa marque dans les mentalités. Tirés des carrières et des mines comme s'il s'agissait de les extraire du corps divin dont ils émanent, ils font l'objet d'une démarche intellectuelle menant lentement vers l'alchimie sur la base de l'observation des dinerentes opérations complexes tels que l'exploitation etle raftlnage des minerais constitués d'alliages. L'alchimie repose ainsi sur le désir d'accélérer le temps divin - celui des étapes géologiques - atln que l'homme puisse être détenteur des éléments les plus ramnés de la nature, gages de lumière et d'éternité: la pierre philosophale des vieux alchimistes.