Myrionimi - "aux dizaines de milliers de noms", c'est ainsi que les adorateurs des égyptiens Isis, Serapis et Anubis appelaient leurs divinités dans l'Antiquité. Ce surnom témoigne à la fois de l'une des stratégies les plus réussies d'accommodation et d'expansion du culte à cette époque, et de l'état d'esprit idéologique de ces mouvements religieux.
Contrairement aux adhérents de cultes monothéistes radicaux exclusifs tels que le judaïsme ou le christianisme, les Égyptiens recrutaient leurs prosélytes dans le maelström cosmopolite du monde hellénistique et plus tard de l'Empire romain, non par négation et prétexte d'exclusivité ou caricature grotesque des opposants. Leur méthode est basée sur le respect des traditions locales, la fusion avec elles et une présentation tolérante de sa propre religion simplement comme une variante d'un tout unique et compréhensif, incluant une pluralité de formes et d'idées. Cependant, l'expérience historique de la Méditerranée montre que ces communautés ne sont pas à l'abri d'alternatives agressives revendiquant l'unicité, et qu'elles résistent à la répression et aux restrictions violentes.
La présente monographie propose une étude détaillée des épithètes et des invocations (epiklesis) avec lesquelles les adeptes s'adressent aux trois divinités.